Neuro-pédagogie, de nouveaux super-pouvoirs ?
Le cerveau en haut de l’affiche
Aujourd’hui on observe un phénomène assez particulier dans les journaux, sur internet, sur les chaînes de télé ou même dans les couloirs des crèches et des écoles : le cerveau est à l’honneur, la neuro-pédagogie fascine !
Des affiches représentants un cerveau humain, étincelant comme mille ampoules, fleurissent un peu partout. Les récentes découvertes sur le cerveau ont le vent en poupe. On nous promet un monde meilleur où la connaissance du cerveau nous permettra d’être une « version améliorée de nous-même », où l’on aura développé de nouveaux-super-pouvoirs ! Mais qu’en est-il vraiment ? Et quel rapport avec nos chères têtes blondes et les apprentissages ?
Une discipline émergente
Les neurosciences désignent les champs d’étude du système nerveux appliqués à une autre discipline (biologie cellulaire, neurophysiologie, psychologie du comportement, etc…). Grâce au développement des IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), à partir des années 1990, on peut désormais observer le cerveau pendant qu’il fonctionne. Cette approche a l’effet d’un électrochoc dans le monde en général et dans celui qui touche à l’éducation en particulier. Deux principes vont tout bouleverser :
- L’intelligence est « éducable » grâce à des méthodes, c’est-à-dire, que l’on peut apprendre, peu importe notre histoire et notre passé. C’est un certain Feuerstein qui avance ce postulat en travaillant avec des enfants ayant vécu dans les camps de concentration.
- Le cerveau est « plastique », c’est-à-dire qu’il se modifie et se développe tout au long de la vie. On parle de « plasticité cérébrale » ou pour reprendre un encore plus gros mot « d’épigénétique » : nos gènes se modifient grâce à ce qui se passe autour de nous.
A cela s’ajoute les connaissances développées depuis les années 70 en sciences cognitives dont l’objet est de décrire et d’expliquer les principales dispositions et capacité de l’esprit humain (le langage, notre façon de raisonner, ce que l’on perçoit, la coordination motrice, notre capacité à planifier, nos prises de décisions, nos émotions, etc…).
En mélangeant le tout :
- l’intelligence s’éduque
- le cerveau est plastique
- les connaissances en sciences cognitives
On donne naissance aux neurosciences éducatives, autrement dit, à la neuro-pédagogie.
Les neurosciences à l’école
La neuro-pédagogie va donc s’intéresser au cerveau de celui qui est en train d’apprendre. Partant de là, de nombreuses spécialisations sont possibles :
- Comment les émotions interfèrent-elles sur les apprentissages ?
- Comment se mettent en place les apprentissages ?
- Qu’est-ce qui se joue dans le sommeil ?
- Comment fonctionne la mémoire ?
- Comment fonctionne l’attention ?
- Comment s’articulent les apprentissages et la conscience d’être en train d’apprendre ? etc, etc…
Avec leur entrée dans l’école, les neurosciences permettent un changement de regard sur l’élève : le cerveau met 30 ans pour se construire et les enfants naissent avec des compétences cognitives qui seront développées ou non par l’environnement (les stimulations extérieures).
Par exemple, il n’existe pas d’enfants qui naissent sans mémoire. Mais de nombreux facteurs rentrent en jeu et expliquent que tel enfant, dans le cadre d’un exercice donné, arrive à mieux mémoriser que tel autre.
Neuromania dans l’Education Nationale ?
Sans verser dans la neuromania, qui serait l’annonce d’un bonheur à venir résultant de la connaissance parfaite de notre cerveau, on peut supposer que des changements de taille sont en marche pour l’école de demain. D’ailleurs, le Ministre de l’Education Nationale n’a-t-il pas nommé un conseil scientifique pour proposer des innovations dans les apprentissages, à la lumière des neurosciences ? Certains s’enthousiasment, d’autres hurlent (déjà) avec les loups, certains s’alarment de la dérive « neurosciences clé-en main ou comment régler les problèmes de l’école en 2 clics ».
De beaux articles en perspective pour www.ateliersparentsenfants.com car le débat est loin d’être épuisé !
Et vous ? Comment vous positionnez-vous par rapport à cette révolution des neurosciences dans arrivent dans l’éducation ? Êtes-vous enthousiaste, septique, inquiet ? Racontez-vous et racontez-nous !