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Violence « invisible »

Si on vous dit que vous allez découvrir, en quelques lignes, comment désamorcer les conflits du quotidien avec votre conjoint, votre ado ou votre boss, est-ce que vous y croyez ? Est-ce que vous prendrez cet article avec scepticisme, en vous disant, un poil agacé : « Encore un « article recette magique » pour avoir une vie de rêve, comme il en regorge tant sur le net ? »

Pourtant, promis, ça vaut le détour parce que la découverte de cette méthode a été pour de nombreux parents le point de départ de transformations positives dans leur vie, allant de la plus discrète (comment on perçoit un échange houleux entre deux clients à la boulangerie) à des changements majeurs dans le quotidien comme par exemple, la façon dont on s’adresse à sa fille pour qu’elle ne se braque pas et au contraire, coopère dans la bonne humeur.

L’arbre de la violence

Avant d’aller plus loin, voici ce qu’Arun Gandhi (petit fils du Mahatma Gandhi et fondateur du MK Gandhi Institut for Nonviolence) raconte au sujet d’un enseignement délivré par son grand-père. Quand Arun avait 13 ans, son grand père lui fit dessiner sur le mur de sa chambre un arbre sur lequel chaque branche représentait des actes de violence. A chaque nouvelle violence vécue, observée de près, de loin ou occasionnée par le jeune garçon lui-même, Arun dessinait une nouvelle branche. En quelques mois, le mur de sa chambre fut recouvert de branches. Un certain nombre de branches représentaient des actes de violence physique. Mais les plus nombreuses étaient ce que Gandhi nommait des « violences passives », des violences « émotionnelles ».  Pour le célèbre grand-père, ces actes de « violence passive », parfois si discrets qu’ils passent quasiment inaperçus, sont plus insidieux que les actes de violence physique car ils sont le lit de toute la violence de notre monde.

Pierre Bourdieu parlait lui de la violence « inerte » qui « échappe aux regards » : « Si l’on veut réduire réellement ces formes de violence visibles et visiblement répréhensible [ crimes, vols, viols, voire attentats ; alcoolisme et toxicomanie], il n’y a pas d’autre voie que de réduire la quantité globale de violence qui échappe aux regards et aux sanctions, celle qui s’exerce au jour le jour, dans les familles, les usines, les ateliers, les banques, les bureaux, les commissariats, les prisons, ou même les hôpitaux et les écoles…»

Etre attentif à notre façon de parler en cherchant à gommer la violence ordinaire de nos  communications est donc radical pour changer la donne et c’est l’outil que nous pouvons, à notre échelle d’individu, utilisé pour construire un monde plus juste. Gandhi disait cette célèbre et formidable phrase : « Be the change that you wish to see in the world », « devenons le changement que nous souhaitons voir dans le monde ».

Violence « invisible », où te caches-tu ?

Mais pour gommer la violence ordinaire de nos communications, faut-il encore avoir conscience de cette « violence passive », de cette violence qui passe quasi inaperçue ! Certaines nous sautent aux yeux, d’autres violences demandent un peu d’entraînement pour être démaquées.

On considère donc comme « violence passive » toutes les formes de communication qui :

– jugent,

– dénigrent,

– reprochent,

– insultent,

– étiquettent,

– comparent.

 3 façons d’être violent de façon très ordinaire

Force est de constater que cette violence (juger, dénigrer, reprocher, insulter, étiqueter, comparer), nous la nourrissons dans notre vie de tous les jours et que nous sommes, comme Obélix, tombés dedans tout petits. L’école a nourri cette violence ordinaire et on retrouvait ses échos à la maison, dans la bouche de nos aînés…Aujourd’hui, allons-nous continuer à jouer cette même musique, à nos proches, nos collègues, nos enfants ?

Soyons vigilant, 3 façons d’être violent, de façon très ordinaire, peuvent nous mettre la puce à l’oreille :

– quand on formule des remarques qui nous enferment dans un monde polarisé entre ce qui est bien et ce qui est mal,

– quand on « range de force quelqu’un dans un compartiment dans lequel il refuse d’aller et, même, dont il peut refuser la légitimité » (Simon LEMOINE, Enseignant chercheur en philosophie, Micro-violences, Le régime du pouvoir au quotidien, CNRS éditions, 2017)

– quand on est tenté de hiérarchiser les actes et les personnes (toute pensée qui classe distribue les bons et les mauvais points…en oubliant que ce n’est qu’un point de vue parmi d’autres).

4 réponses à la violence ordinaire de la communication

La Communication Non-Violente invite à reconsidérer la façon dont nous nous exprimons en observant 4 attitudes (OSBD):

  1. J’Observe un comportement concret qui affecte mon bien-être.
  2. Je réagis à ce comportement par un S
  3. Je cerne le Besoin qui a été éveillé par ce comportement.
  4. Je Demande à l’autre des actions concrètes qui contribuent à mon bien-être.

Dans une situation de la vie de tous les jours ou lors d’un événement extraordinaire, on peut choisir d’utiliser les 4 attitudes pour s’exprimer.

Face à une personne qui semble ne pas nous écouter, au lieu de dire « tu t’en fous de ce que je dis, de toute façon tu sais toujours tout » (qui n’aidera pas, à priori, à faire avancer le chimilibilik), on peut tenter :

  1. Je vois bien que tu es occupé sur ton téléphone,
  2. je me sens blessée quand tu sembles ne pas m’écouter,
  3. j’ai besoin d’une oreille attentive pour m’exprimer en toute confiance.
  4. Peux-tu s’il te plaît poser ton téléphone et te rendre disponible.

Si cette technique peut paraître un peu artificielle au début, tant dans la bouche de celui qui prononce la phrase que de celui qui entendra cette façon de communiquer pour la première fois, l’habitude et la répétition permettent d’apprivoiser ce langage.

Pratiquer la CNV c’est comme apprendre une seconde langue maternelle. C’est inné, mais ça demande du temps !

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