Valoriser son enfant
Dans nos relations sociales, on est souvent friands de compliments (« waouh ! j’adore tes chaussures, t’es trop canon ! ») et notre société s’ouvre de plus en plus aux adjectifs super extra énormément dithyrambiques : « wonderful ! extraordinary ! superexcellent ! ». Bref, notre monde aime (kiffe à mort ?) l’expression d’un enthousiasme impétueux…surtout quand il s’agit de nos enfants.
On pense d’ailleurs que le compliment est un bon moteur de valorisation de l’enfant, de développement de l’estime de soi. Dans un sens oui et dans un autre…un peu moins. En effet, il est bon d’être complimenté, mais le compliment efficace ne fonctionne que lorsqu’il est utilisé avec conscience.
LES COMPLIMENTS QUI BLESSENT
Il existe en effet, deux sortes de compliments qui peuvent démotiver un enfant, voire même lui procurer un sentiment d’insécurité. Il s’agit de compliments qui évaluent les capacités de l’enfant :
- Le compliment qui est un jugement déguisé de l’enfant
- Le compliment qui inhibe l’élan de l’enfant
Le compliment qui est un jugement déguisé se focalise sur le physique ou sur la personnalité de l’enfant : « Bravo, tu es un enfant sage » peut être perçu comme une remarque réductrice. Plus encore, elle est trop vague pour que l’enfant ne puisse en retirer une quelconque satisfaction : « sage quand ? sage où ? sage comment ? » pourrait-il demander.
Le compliment qui inhibe l’élan de l’enfant est celui qui met sur ses épaules une pression qu’il n’est pas en mesure de supporter. Ainsi, un compliment comme « tu es génial quand tu joues au basket. Incroyable la facilité avec laquelle tu joues, tu devrais te mesurer à plus fort que toi » peut faire perdre son désir de jouer à l’enfant en le forçant à sortir de sa zone de confort. L’enfant perd sa motivation et doute de ses capacités.
LES COMPLIMENTS QUI CONSTRUISENT
Face aux compliments qui évaluent l’enfant (et personne n’aime être noté, pesé, mesuré en permanence), il y a les compliments qui se bornent à décrire les actes ou les réalisations de l’enfant. Il s’agit de compliments qui décrivent un résultat : « Tu as rangé ta chambre, tu peux être fier de toi ». Le compliment descriptif demande au parent d’être attentif aux détails : les petites victoires de nos enfants sont parfois discrètes, à nous de les mettre en valeur !
Et c’est d’ailleurs certainement pour cela que ce type de compliment fait du bien : l’enfant est valorisé car le regard de son parent est attentif, conscient. Le parent prend le temps de regarder – et reconnaît – avec bienveillance un progrès, une réalisation, un acte posé par l’enfant. Ces compliments construisent et font grandir.
LES COMPLIMENTS DANS LES SITUATIONS DELICATES
Complimenter, ça peut être pour nous, parent, l’occasion de choisir consciemment d’être un « parent positif ». En effet, pourquoi ne pas choisir de complimenter pour un acte qui reflète un progrès de l’enfant plutôt que de sans cesse le gronder et le rabaisser face à ce qu’il ne sait pas encore bien faire ?
C’est jour de piscine. Un petit, d’à peine deux ans sur le toboggan de la pataugeoire, a du mal à céder la place. Il est bien assis, d’en haut il voit loin. Pourquoi se presser ? Les enfants, qui trépignent d’impatience en bas des quatre marches, peuvent bien attendre ! Le papa appelle, invite l’enfant à descendre, gronde et menace. L’enfant, tiré par le pied, finit par glisser du toboggan en criant pour manifester son désaccord. La place est libre. Papa est soulagé ! Quand le petit remonte à nouveau, la scène se répète : il veut prendre son temps, rester en haut de son perchoir. Mais son père l’appelle, invite l’enfant à descendre et ce dernier obtempère avec plus de facilité que la première fois.
D’un point de vue extérieur, on pourrait dire que c’est une petite victoire, l’enfant a su céder la place assez facilement. Et pourtant, le papa s’écrit : « tu es vraiment insupportable à ne jamais rien écouter ». On est en droit de penser que l’enfant enregistre ici une expérience négative. Un « bravo mon garçon, tu as glissé plus vite cette-fois » aurait certainement été plus valorisant et plus formateur pour l’enfant.
Face à un progrès, même minime, une parole qui met l’accent sur le positif fait grandir. Le compliment descriptif encourage l’estime de soi et l’autonomie.